Série «  Les filles du siècle » – La capucine

ROMAN – Dès 11 ans **
de Marie DESPLECHIN
Éditions École des Loisirs – Collection (Médium) – 15 €

Quand on a 13 ans et qu’on travaille la terre sans toucher de salaire au Marais de Bobigny chez un maraîcher, on rêve de liberté quand, chaque semaine, on va vendre les légumes sur le carreau des Halles à Paris. C’est l’occasion pour Louise, notre jeune héroïne de rencontrer sa mère, Clémence, employée chez des bourgeois. Clémence a été obligée de quitter son village qui la reniait parce qu’elle attendait un enfant. Elle a dû placer sa fille chez un maître où Louise cultive la terre en échange de son logis et sa nourriture.

Alors, quand le maître la frappe un fois de plus sans raison véritable, le bord du canal ne lui suffit pas pour calmer sa colère et Louise décide se quitter le Marais définitivement, sans argent et sans point de chute. Elle y retrouve Bernadette, amie d’infortune de sa mère et qui a veillé sur elles. Non seulement Bernadette sait parfaitement vendre ses confits et autres conserves, mais elle a le don de réincarner les morts, Victor Hugo surtout qui parle par sa bouche. Elle sait aussi chasser les esprits et c’est pour cela que Mme d’Argenton s’est entichée d’elle et l’exhibe auprès de ses amis. Mais pour ces fiers travailleurs quoi de plus essentiel que leur fierté et leur liberté qui passent avant le confort et l’argent…

L’art de Marie Despléchin nous invite à nous passionner pour le sort de Louise et tout ce qu’elle représente en cette fin du XIXème siècle. Comme le dit la capucine, la chanson de l’époque que lui apprennent des mariniers de rencontre, les conditions de vie et de travail sont dures pour le petit peuple mais il y règne de la joie et de l’entraide.
La vie des riches paraît enviable aux crève-la-faim, mais elle est pleine d’ennui. On rêve beaucoup de liberté alors, de voyages lointains et on entrevoit la fin des jardins qui nourrissent Paris et que remplaceront les usines. Pourtant, quelle ambiance aux Halles et comme Paris est beau dans les yeux de l’héroïne pleine de vie et d’envies qui lui permettent de dépasser sa condition.