ROMAN – Dès 13 ans *
De Benjamin DESMARES
Éditions Le Rouergue – Collection (Doado noir) – 8.70 €

La cour est calme…Blaise les entend arriver. « ils sont le banc d’anchois et lui le grand requin blanc ».
La  peur est manifeste, la tension est palpable, les regards se détournent. Blaise se prépare à choisir celui qui se fera défoncer, celui qui recevra son poing dans le ventre, trois directs qui coupent le souffle « un-deux-trois. Ba-ba-Bam » …
Il cogne sur celui qu’il a choisi au hasard, se sent invincible.
Depuis quelques temps, il a compris que même les adultes commençaient à avoir  peur de lui. Les ennuis qui suivent, être viré du collège, il s’en moque…

Même l’amour que sa mère lui témoigne, il le refuse ! Ce serait un aveu de faiblesse de l’accepter. Pire, le seul moyen de le rejeter, c’est d’être aussi violent avec elle…

Les amis, puisqu’à son âge, il lui faut quand même des amis, il se les cherche en zonant dans la rue, plus âgés que lui qu’il tente d’amadouer en payant des bières ou en jouant les durs…

Ce qui se cache derrière cette colère qui explose, les cauchemars qui hantent ses nuits, ce monstre qu’il fuit en hurlant, en courant, il n’a pas de mots pour le dire, ou plutôt, les mots ne sortent plus…

Pourtant, en réalité, il sait qu’un jour, c’est lui qui recevra les coups.
Il est pris dans un engrenage plus fort que lui…  Mais qui saura comprendre sans qu’il puisse l’exprimer ? Qui l’arrêtera à temps ?

Un roman fort qui suscite la réflexion.
Une écriture avec des phrases courtes qui fait monter l’intensité dramatique en puissance tout au long du récit jusqu’au relâchement final.
Il fallait que quelque chose se passe! Le héros ne pouvant s’exprimer que par la violence, le narrateur emploie le « tu » comme s’il était un observateur qui lui parle.
Mais le tu, c’est aussi pour le lecteur qui  se retrouve au cœur du récit et perçoit tous les ressentis et le mal-être du héros.
C’est très bien construit et montre  la fragilité de l’adolescence en quête d’identité, de ces instants où par manque de repères ou de parole, tout peut basculer.