Un simple soupçon

ROMAN – Dès 13 ans *
de Sandrine BEAU
Editions Mijade – Collection (Zone J) – 8,50 €

  Les Fati forment une famille heureuse et sans problème qui vit en Angleterre. Jacob, 14 ans, est le narrateur de ce qu’ils ont subi puisqu’à son habitude, à chaque rentrée, il fait le bilan de l’année écoulée. Il a trois sœurs, Edna  10 ans, May 8 ans et Sisi 5 ans. Tous, parents et enfants sont en surpoids sauf la petite qui reste fluette en dépit de l’attention que lui portent ses parents : « une brindille au milieu des baobabs ». Et c’est pour avoir consulté gratuitement à la Section du Centre d’Action Sanitaire qu’ils ont éveillé les soupçons des services sociaux dont les interventions sont redoutées des familles informées car elles conduisent systématiquement au retrait des enfants de leur famille biologique, à leur placement en foyer puis à leur adoption par des familles d’accueil. Et c’est ce qui menace les Fati. Bonnie, une voisine et élève de la classe de Jacob va tenter d’inverser leur destin.

La conclusion du roman aurait pu être son titre « Indignons-nous tous ensemble ». Il a été inspiré à Sandrine Beau par une histoire vraie survenue en 2008 en Écosse. Depuis le Children Act voté en 1989 sous le gouvernement Thatcher, le moindre soupçon de maltraitance autorise les services sociaux britanniques à retirer les enfants à leurs parents dans des familles souvent précaires ou fragiles, arbitrairement considérées comme « potentiellement dangereuses pour leurs enfants » .

Le livre est un texte à deux voix : le cahier de Jacob où il nous raconte les déboires de sa famille sur une presque année et le récit que fait Bonnie de ce qu’elle perçoit de la situation que lui révèlent ses relations avec Jacob . Pas de pathos dans les confessions de ces deux adolescents, des faits seulement, des réflexions sur la situation et des tentatives de s’en sortir. Cette discrimination contre les gros serait-il doublé de racisme car le nom de Fati ne sonne guère anglais !