Après nous, les animaux

ROMAN – Dès 15 ans **
de Camille BRUNEL
Editions Casterman – Collection (ici/maintenant) – 16€ 

2087, les insectes ont ravagé la planète mettant fin à l’espèce qui se croyait au-dessus de toutes les autres, l’espèce humaine. Une arche avec à son bord des animaux d’un cirque s’échoue sur les côtes du Yucatan.
Avant de mourir Aria, ultime membre de l’équipage a pris le temps d’ouvrir les cages…
Sous l’œil d’un jaguar tapi à l’affût, les rescapés, une panthère, deux chimpanzés, deux éléphants, trois taureaux, une vache, quatre chevaux et cinq lycaons, poussés par deux geais quittent la cale refuge du navire et entament une marche en quête des humains, quels que soient les souvenirs qu’ils en ont gardés, qu’ils soient geôliers ou soigneurs. ….
En attendant, pour survivre dans ce monde qui leur est inconnu « il fallait être les gardiens les uns des autres… Il fallait être les humains les uns des autres ».  Il leur faut apprendre à trouver leur nourriture, à communiquer entre eux, apprivoiser cette liberté retrouvée qui a aussi ses revers…

Le lecteur les suit dans leur  périple. Non seulement ils  doivent faire face à de grands prédateurs, mais les  vestiges de la civilisation maya et de celles qui ont suivi,  immeubles ou pyramides peuvent se révéler de véritables pièges face aux ouragans ou tremblements de terre…
Tout l’art de l’auteur consiste à nous faire entrer directement dans les pensées de chaque animal. Il nous fait ressentir ses émotions,  percevoir son intelligence  qui évolue avec l’expérimentation de situations nouvelles,  en fonction de son espèce, en fonction des souvenirs qu’il a gardé de sa captivité et des relations qu’il a eues avec les hommes.
L’écriture est riche mais très réaliste, très pointue et précise que ce soit dans la description  des sites mexicains traversés par la tribu d’animaux et de leur faune que dans celle des repas des fauves ou de la découverte des restes des humains.
La vie et la mort avec leur dure réalité à la fois simple et sauvage dans un monde où il faut s’adapter très vite pour survivre.
Une carte en début d’ouvrage permet de  situer chaque étape de cette migration.

Un roman parfois glaçant mais incontestablement fascinant.