Aujourd’hui est un autre jour

ROMAN – Dès 15 ans **
De David LEVITHAN
Éditions Gallimard – 17.50 euros

Dans « A comme aujourd’hui » le lecteur partageait 40 jours durant, l’existence singulière d’un être mystérieux qui depuis sa naissance était contraint de se réveiller chaque matin dans la peau d’un ou d’une autre, ce qui le privait de tout attachement durable :situation encore plus dramatique lorsqu’il rencontra R;
Pour avoir été tour à tour fille, garçon, athlète ou infirme, généreux, égoïste et confronté à tous les types de situations scolaires, le jeune homme comprend les gens de l’intérieur. Il est leur synthèse idéalement humaine.

L’ouvrage qui vient de paraître et fait suite à A comme aujourd’hui, est écrit du point de vue de la jeune fille (je…). L’auteur précise qu’il a voulu « approfondir l’histoire » d’abord présentée dans sa version masculine uniquement.
Les points laissés dans l’ombre parce qu’ignorés de A. (le garçon) sont révélés : sms non envoyés, réponse à des questions que se posait le lecteur, contexte des conversations, détails sur différentes personnes… Ce sont surtout les pensées, toute la vie intérieure de Rhiannon qui sont développées.
On saisit les répercutions des situations vécues et en particulier le dilemme de sa loyauté envers Justin quand elle se met à aimer A.
Son émouvante évolution ainsi retracée nous fait apprécier son charisme, sa maturité. Sa finesse d’analyse et sa générosité sont peu communes.

Les deux livres suivent la même progression chronologique.
Si symbole il y a, ce couple mérite d’exister, se dit-on, car il atteint une quasi perfection. Mais voilà que la fin surgit, menaçante pour qui voudrait lire une solution de bonheur. L’incertitude laisse pourtant espérer. C’est que d’un livre à l’autre on est passé d’un A. surnaturel à la vie concrète, réelle de R. On avait oublié la fiction.
David LEVITHAN a imaginé une situation exceptionnelle d’amour absolu frappé d’un interdit insurmontable (symbolique ?) mais que les héros vont s’efforcer de contourner.
Ces deux approches pourront être lues successivement ; l’une est parfaite, sobre, inattendue ; l’effet en est puissant. Celle de 2016 est à l’inverse toute en subtilité, sensibilité presque familière. Pile ou face : pourquoi ne pas essayer de lire les deux ouvrages en même temps ?