Le frère de Simone

ROMAN – Dès 15 ans *
De Eva KAVIAN
Éditions Oskar jeunesse – 13.95 €

Simone n’est pas une élève comme les autres : majeure, secrète, organisée pour qu’on ne lui refuse pas les « pompes », sympa tout de même. Dans son établissement huppé la solidarité entre jeunes jouera sans préjugés lorsque l’injustice la menacera.

Son histoire va se révéler au fil des pages : le « petit frère » dont elle assure tendrement l’éducation est en réalité son fils. On comprend peu à peu que le décès accidentel de ses parents a contribué à sa maturité : elle assume désormais le fait d’avoir été mère célibataire à 14 ans.

D’abord aidée par les services sociaux, elle a décidé de reprendre ses études pour construire l’avenir. L’enfant, lui, s’est équilibré entre l’amour de cette si jeune maman et l’imaginaire auquel elle a eu recours pour rendre de la cohérence à son existence inexpliquée.

Ce livre est dérangeant par « le fond » et la « forme ».
Il ne pose pas le problème des grossesses précoces en évoquant la pilule, l’avortement ou l’abandon. Au moment du choix, c’est la mère de l’héroïne qui, en mal d’enfant, a pris la décision ; Simone mûrit grâce à des circonstances exceptionnelles. Que se serait-il passé sans la mort des parents ? La présentation du réel est idéalisée, les faits à peine esquissés avec pudeur. Il faut donc que celles/ceux qui liront le livre aient la maturité suffisante pour réfléchir au problème.

Le texte passe du récit des événements présents, clairs (dans une langue tout sauf littéraire), à l’évocation codée du passé. Comme autrefois la psychologue qui les a décryptées pour comprendre la vérité, le lecteur ne dispose que des histoires racontées à l’enfant par Simone. Frédéric les a intériorisées dans une dimension onirique pleine de fantaisie enfantine (italiques). On n’en saisit le sens que graduellement et difficilement. Cette lecture suppose de la patience.