Little sister

ROMAN – Dès 15 ans **
De Benoît SEVERAC
Éditions Syros – 13,95€

Le terrorisme vu par ses premières victimes : la famille d’un djihadiste.

A douze ans, Lena était une jeune adolescente comme les autres… Jusqu’au jour où son frère Yvan, de 5 ans son aîné, fait la une des journaux : il a été vu armé et barbu sur une vidéo djihadiste à côté d’un terroriste qui brandissait la tête coupée d’un otage alors que ses parents le croyaient en stage en Angleterre…
Depuis sa vie a basculé ; sa vie et celle de ses parents, issus d’une famille de républicains espagnols qui se sont installés en France pour fuir Franco et son extrémisme, obligés de fuir leur ville de Toulouse où ils étaient bien installés et jouissaient de la confiance et de la considération des voisins, employeurs et amis, obligés de subir les regards méfiants ou carrément hostiles, les interrogatoires de la police, obligés de changer de nom et de fuir…
Porteurs d’une culpabilité sans fin et de cruelles interrogations – qu’avaient-ils fait ou omis de faire pour que leur fils devienne cet ennemi cruel, ce fou de Dieu ? ils en sont à jamais anéantis…
4 ans ont passé, sans savoir si Yvan est mort ou vivant, s’il est toujours en France ou s’il est en Syrie…
Lena ne sait si elle peut encore aimer ce grand frère ou si elle doit le haï.
Elle refuse de ne pas s’en sortir et tente vaille que vaille de reprendre sa vie en main…
Un jour, elle reçoit une lettre de Théo, l’ancien meilleur ami de son frère, le seul à être resté en contact avec elle et dont elle est secrètement amoureuse.
Dans cette lettre, Théo lui dit avoir rencontré son frère, lui écrit qu’Yvan veut la revoir, qu’elle ne doit rien dire aux parents.
Rendez-vous est pris à Cadaquès…
Théo s’y rend de son côté prêt à aider Lena si besoin est…
Mais les motivations d’Yvan sont loin d’être celles que sa sœur espère !

Un roman à quatre voix (Lena, Théo, Joan, un anarchiste espagnol qui héberge Théo et Tambon, un policier de la DGSI qui n’a pas renoncé à capturer Yvan…)
Un roman qui évoque avec pudeur le désespoir des proches de ces jeunes qui partent rejoindre Daesh, les conséquences sur leurs familles et la vie brisée des parents impuissants.
Une histoire d’amour, une poursuite improbable menée par un « gang de papys » qui retrouvent leur jeunesse en combattant pour une noble cause, une traque policière donnent à ce roman fraîcheur et rythme et le thème, brûlant d’actualité terrible, est ainsi plus facile à aborder.
Benoît Séverac réussit le pari difficile de faire un livre sur un terroriste sans jamais le mettre en vedette ni même lui donner la parole !
C’est très bien !