Theferless

Dans la forêt brune, se tient une maison rouge au milieu d’un chemin en forme de 8.
Dans la maison vit une étrange famille : la Très Vieille, le Père, l’Enfant, la Mère-Giron, la Mort, le Chat Moby Dick qui a avalé deux poissons, une chaise vide, une cafetière, des miettes, trois pommes, une poire.
« A la fenêtre, une peau de chagrin filtre le jour ».
Une vie réduite s’écoule ici : la Très vieille s’en va lentement et perd un peu la tête, le père dit « peut-être » à propos de tout, la mère tricote et brode ou énumère des noms de fleurs, la Mort rigole et joue aux dominos, l’enfant est pâle.

Un jour, le chat rapporte à la famille une hirondelle tombée au bord de la clairière.
C’est Theferless, qui signifie hirondelle en berbère.
L’hirondelle est soignée pendant tout l’hiver avec des mots, des noms d’oiseaux et de fleurs, des bouts de laine, un peu de tendresse et de chaleur.
Elle guérit et se met à parler, raconte les voyages, le ciel, les bleus.

Au premier jour de l’été, elle part devant la famille réunie dans la clairière en criant « arthimlilith », « je reviendrai ».

Une belle histoire très étrange qui nous fait entrer dans une famille particulière où le non-dit est très fort.
Les choses, les animaux ont autant de poids que les personnes.
La mort y a sa place.
Mais l’espoir est toujours là dans le bleu du ciel, du jour et de la nuit.
Les images sont souvent symboliques : le 8 du chemin, la mort toujours présente mais pas vraiment effrayante, et enfin le bleu qui arrive avec l’hirondelle et ouvre les horizons.

De grandes images en pleine page ou même sur double page, aussi belles que des tableaux, accompagnent le texte et l’enrichissent par leur atmosphère et les nombreux détails offerts.

Le texte est poétique, tantôt très ouvert, tantôt plus sophistiqué.

Un album grand format exceptionnel pour parler et s’exprimer sur la mort, sur la vie, sur l’espoir, sur la force des mots.