Jan

JAN(IS) raconte le naufrage de sa famille, avec une verve dans la tradition du titi parisien réactualisée.
L’engrenage fatal alcool – chômage détruit d’abord son père puis le couple.
Ce sont au final la fillette et son petit frère de 9 ans qui perdent l’essentiel : la vraie tendresse qui unissait parents et enfants car la séparation est imposée par les services sociaux à l’issue d’un enchaînement malheureux de crises.

On découvre l’absurdité de règles qui voudraient protéger mais détruisent par leur rigidité le peu de bonheur qui restait à ceux qui « galèrent » : mesures provisoires ou définitives?
Quoi qu’il en soit, JAN ne reste pas sans agir lorsqu’on la sépare de son frère car elle se sent responsable de lui et l’aime.
C’est une battante que la rue n’a pas fragilisée, au contraire. Elle est honnête et fait preuve d’un bon sens bien au-dessus de son âge en même temps que de sensibilité intuitive face aux êtres qu’elle rencontre.
Si la situation n’est pas nouvelle en tant que thème de roman pour adolescents, la pétulance, les initiatives et la rage de vivre de l’héroïne attirent la sympathie du lecteur ; comme dans les 400 coups, le cœur va du côté d’une révolte compréhensible.
On admire son répondant face aux « durs » qu’elle castagne comme un garçon.

Ce qui frappe immédiatement dans ce livre est la langue « brute de décoffrage ». Elle n’est pas ici négligence d’auteur mais s’impose comme contexte évocateur de la personnalité de Jan qui serait ridicule si elle parlait autrement.
Les approximations lexicales sont pathétiques car elles rappellent son âge. Les raccourcis syntaxiques contribuent au rythme endiablé de l’histoire.
Les termes crus ou vulgaires n’empêchent pas de rêver : la fin en témoigne… un texte marquant et dynamique, loin des romans à l’eau de rose.