Jusqu’ici tout va bien

BANDE DESSINEE – Dès 13 ans **
Roman graphique d’après le roman de Cary D. SCHMIDT
Scénario, dessin, couleurs de Nicolas PITZ
Editions Rue de Sèvres – 20 €

Analyse du roman de Cary D. Schmidt (éditions L’Ecole des loisirs), coup de coeur d’Opalivres en 2020.

« Vous savez l’effet que ça fait » : telle est la phrase on ne peut plus explicite que Doug, jeune adolescent de 15 ans, écrit régulièrement quand il nous narre sa nouvelle vie dès son arrivée avec toute sa famille dans la petite ville de Marysville. Justement, sa famille n’est pas un modèle de référence : son père boit énormément et a plutôt la main leste, son frère aîné Christopher est un parfait idiot, sa mère est trop gentille et se laisse dépasser, quant à son frère Lucas, ils attendent son retour de la guerre du Vietnam après avoir été blessé mais nul ne sait dans quel état il se trouve.
Un jour, en découvrant la ville, Doug sympathise avec Lil, la fille de l’épicier qui se rend à la bibliothèque. Peu attiré par les livres, il se rend à l’étage et découvre le dessin d’un oiseau dans un grand cahier protégé par une vitrine : c’est un cahier de dessins naturalistes faits par John James Audubon, un grand ornithologue. Doug tombe sous le charme de ses croquis et réalise petit à petit qu’il a envie de les dessiner. Monsieur Powell, le bibliothécaire, le guide doucement dans son apprentissage.
Mais, nous sommes en 1968, la vie est difficile et Doug trouve un petit travail à l’épicerie pour aider sa famille. Il intègre aussi son nouveau collège où son comportement n’est pas toujours exemplaire car il ne sait pas se taire devant la bêtise des adultes et les conséquences sont quelquefois assez lourdes. Cependant, étant dans la même classe que Lil, les 2 adolescents se rapprochent et apprennent à se connaître. Ils se retrouvent aussi tous les samedis à la bibliothèque.
Le jour arrive où Lucas est de retour à la maison mais il est en fauteuil roulant.
Psychologiquement parlant, il est l’ombre de lui-même. Contre toute attente, Christopher ainsi que Doug l’aident spontanément et tentent de le faire réagir. L’esprit de famille resurgit et change l’atmosphère de la maison. La vie du jeune adolescent passe par des hauts et des bas mais il ne se laisse jamais abattre, il réagit toujours devant l’adversité et nous dit sa phrase fétiche « Vous savez l’effet que ça fait » et en effet, nous imaginons très bien l’effet que ça fait.

Le cahier de dessins d’Audubon est le fil conducteur du roman, la motivation de Doug pour rester dans le droit chemin et parvenir à construire un avenir meilleur : en effet, ce cahier étant incomplet, le jeune homme affronte toutes les difficultés pour retrouver et replacer les croquis manquants. C’est un roman parfois triste, parfois terrible mais où l’on rit aussi. C’est un roman qui fait du bien, rempli de personnages plein d’humanité et très attachants ou qui le deviennent au fil de l’histoire quand on découvre leur passé .Le thème douloureux de la guerre du Vietnam ainsi que les réactions des Américains ne laissent pas indifférents et abordent un sujet délicat.
On se laisse emporter par le récit et on retarde le plus possible le moment où il faut refermer le livre !

Nicolas PITZ  réussit une très belle mise en bulles du roman de Cary D. Schmidt.
Utilisant l’outil informatique (crayonné – encrage – remplissage), Nicolas Pitz a opté pour le noir et blanc afin de retranscrire la tristesse de Doug, la couleur pour les moments de bonheur et la technique de dessins blancs sur fond noir pour les scènes de nuit.

Les dessins, les décors sont très précis, l’attitude, l’expression et le regard des personnages ne laissent pas indifférents.