KHAT journal d’un réfugié ♥

BANDE DESSINÉE – Pour tous – Dès 13 ans
de Ximo ABADIA
 Éditions La joie de lire  – Collection (Somnambule) – 22 ,90€

En juin 2018, trois bateaux accostent au port de Valence, avec à leur bord, plusieurs centaines de migrants à la recherche d’une vie meilleure.
Xiao ABADIA a rencontré l’un d’eux, Natan Détache.
Il nous raconte ici les vingt-cinq années d’enfer de son parcours, depuis qu’il a fui avec son père,  en 1993, l’Erythrée, leur pays d’origine.
 Un témoignage magistralement rendu grâce à un traitement graphique exceptionnel !

Natan a quatre ans en 1993 quand son père décide de partir avec lui pour fuir la dictature et la faim. Sa mère est restée au pays pour aider d’autres personnes au départ, il ne la reverra jamais…

Première étape, l’Ethiopie, mais la situation n’y est guère plus favorable, rejetés de partout, c’est dans un bidonville que le père et son fils atterrissent, cherchant leur nourriture dans les poubelles, passant des années à faire de la récup’ dans les décharges.

Pour avoir squatté un bâtiment, à 14 ans, Natan va connaître la prison, puis la torture et il lui faudra fuir à nouveau cette fois, seul.
Ce sera le Soudan, le Tchad, la Lybie…
Jamais le bienvenu, toujours l’enfermement et la violence, le racket… jusqu’à la traversée…

Une bande dessinée qui est un vrai choc. !
Un homme prend corps et vie parmi tous ces anonymes qui migrent.
On ne quitte pas son pays et sa famille sans raison.
Quelques soient les situations vécues, Natan n’oublie jamais les paroles de son père : « je ne veux pas d’un fils mort » et ses conseils de savoir courir…

Ce sont des dessins très forts à la craie grasse qui créent l’atmosphère de ce parcours et marquent profondément le lecteur, des silhouettes qui invitent à élargir le propos à d’autres vies, d’autres migrants ; des fonds lumineux aux couleurs du sable et du désert ou parfois des pages entièrement noires en fonction des situations subies ou suggérées quand cela devient insoutenable.
En appui, un texte court mais avec des phrases percutantes comme « C’est là que je suis devenu adulte » ou « Cette nuit-là, je suis mort »  ou des dialogues qui apportent un peu de respiration lors de rencontres.

Une bande dessinée remarquable sur ce qui représente le défi humanitaire du XXIème siècle.
À découvrir absolument !
Un coup de cœur d’Opalivres ♥ !