Le Cid en 4e B

BANDE DESSINÉE – Dès 13 ans **
de VÉROPÉE
Éditions La boîte à Bulles – Collection (Hors Champ) – 14€

Ils s’appellent Brandon, Naomy, Amine, Sarah-Louna, Idriss, José, Lila…. Ils sont collégiens et c’est dans le huis clos de leur classe de 4^ème B  que nous conduit cette bande dessinée.

C’est sous la forme d’une tragi-comédie en cinq actes que nous les suivons, cinq cours de français pendant lesquels leur professeur va s’attacher à leur faire découvrir le théâtre classique du XVIIème siècle et la relation amoureuse à travers « Le Cid » tragi-comédie en cinq actes aussi de Corneille.

Ce n’est pas gagné, car, lorsqu’elle leur pose la question qu’évoque pour vous «  le Cid » ? c’est un mot qui leur fait penser à sida ou cidre, au nom d’un personnage du film d’animation «  L’âge de glace »…
Ils n’ont pas la langue dans leur poche et livrent sans complexe leurs commentaires sur le cours, des commentaires en lien avec leur univers et ce, avec leur vocabulaire de collégiens très loin de celui du XVIIème …
Un glossaire de leur argot est d’ailleurs en fin d’ouvrage !
Ils sont aussi  toujours prêts à digresser, passant du coq à l’âne sur tout ce qui leur permet de gagner du temps sur le travail ou de parler d’un sujet qui les intéresse plus : eux-mêmes en fonction de leur personnalité, de leur vie, de leur diversité culturelle…
Cela donne des dialogues souvent très drôles qui n’ont rien d’imaginaires puisque ce sont ceux de ses propres élèves de la banlieue parisienne que Véropée nous livre ici.
Ces réflexions de collégiens sont aussi chargées d’émotion et de tendresse puisqu’à travers eux, ce sont leurs préoccupations, leurs aspirations qu’ils nous font entendre, la conscience pour certains de leurs lacunes « Tout l’temps quand vous dites c’est connu, nous on connaît pas. ».  On perçoit aussi la difficulté pour l’enseignante de ne pas se laisser déstabiliser par les réflexions de ses élèves, de s’adapter et de garder son cap et son calme.

La BD alterne les extraits en noir et blanc de la pièce de théâtre que la professeure lit à ses élèves avec les scènes en couleur de la salle de classe et les discussions et réflexions que les extraits suscitent chez les élèves.
Progressivement, les adolescents s’approprient le sujet et intègrent le langage et l’intrigue dans leur univers.
: « Je me blâme d’avoir eu 6 en maths. » ou « Quel outrage infâme ! On m’a pris mon quatre-couleurs ! »
La professeure n’apparaît jamais, elle n’est présente que par ses paroles présentées sous la forme de cartouches.

On retrouve les scènes étudiées leur intégralité en fin de livre.

Un témoignage pertinent et plein d’humour sur la vie dans certains collèges !