Retour à Moosonee

ROMAN – Dès 14 ans **
écrit par Antje BABENDERERDE
traduit de l’allemand par Florence QUILLET
Éditions Bayard jeunesse – 17,90 €

 Jacob est un jeune allemand qui s’apprête à passer son Abitur, l’équivalent allemand de notre baccalauréat.

Sa vie tranquille bascule après une très grave dispute avec son beau-père qui, de colère, lui révèle que son père qui lui était alors inconnu est un indien Cree du Canada. Il  lui donne même son adresse. Au lieu de réviser pour son examen, Jacob décide alors de partir à sa rencontre sur son lieu de vie, le Grand Nord canadien près de la baie de l’Hudson. L’avion, puis le train le conduisent donc à Moonsonee où il a vécu jusqu’à l’âge de quatre ans, mais dont il n’ a aucun souvenir. A son son arrivée, comme tout Indien Cree qui se respecte, son père est parti à la chasse.
Dans cette petite communauté, il est de suite accueilli par ceux qui l’ont connu tout petit et qui commencent à lui dévoiler l’essentiel de ce qui s’est passé pendant son absence de 14 ans.
Quand il leur raconte la version de sa mère sur les circonstances de leur retour en Allemagne, un silence s’installe. Mais il faudra attendre la fin du roman et les retrouvailles de Jacob avec son père pour qu’il apprenne la vérité. Entre temps, Jacob échappera de peu à la mort dans le bush et vivra des expériences inimaginables. Il retrouvera ses racines et pourra envisager son avenir.

Voilà un très beau roman sur la quête de soi et des secrets que la mémoire a enfouis. Notre héros vit un  retour aux sources dans un environnement et une communauté qui croit aux esprits, à la magie, aux rêves.
De façon beaucoup plus réaliste, l’auteur aborde aussi les conditions de vie des Indiens, voire de leur survie sous des températures extrêmes, dans une contrée sauvage où les hommes sont à l’image de la rudesse du paysage et du temps, mais ne sont pas pour autant, dépourvus de sentiments forts. Il est aussi clairement question de leur abandon par le gouvernement, et de toutes les politiques scandaleuses mises en œuvre pour détruire leur culture. Enfin, n’oublions pas de signaler une  histoire d’amour timide et sensible qui adoucit les scènes plus sanglantes de la chasse.