ROMAN – Dès 14 ans **
de Marine CARTERON
illustré par Mathilde FOIGNET
Editions Rouergue – Collection (doado) – 14,00 €
Groggy, Jo,17 ans, s’extrait difficilement d’un placard du musée d’Orsay.
Pendant la sortie scolaire du jour, elle a une nouvelle fois été victime de Lucas.
Son amoureux d’hier lui en veut de n’avoir pas cédé à ses avances et fait tout depuis, pour la ridiculiser. Elle a brièvement baissé la garde, il en a profité.
Jo se sent invisible. D’ailleurs le bus et sa classe sont partis sans elle. Elle a été oubliée.
Elle déambule, choquée, dans les salles désertées quand une voix se fait entendre… Celle de Virginie, une autre oubliée.
Jeune femme noire issue d’un milieu plutôt éloigné de l’art, Jo pendant sa déambulation dans les salles a constaté que bien peu de visages lui ressemblaient. La découverte de la servante noire du tableau « Olympia » de Manet l’a retenue un instant. Il a favorisé son agression.
Cette voix qui résonne ce soir est celle d’un personnage « sorti » du tableau. Virginie a été modèle et compagne de Gustave Courbet plusieurs années. Ils ont eu un fils. Courbet ne vivant que pour la peinture, Virginie et son fils l’ont quitté. Alors, Courbet a effacé Virginie de son dernier tableau. Il a modifié son personnage masculin et « La sieste amoureuse » a pris un nouveau titre.
Virginie raconte d’autres femmes invisibilisées par Courbet, dans des repentirs. Leurs silhouettes, telles des fantômes réapparaissent parfois longtemps après, du fait de l’érosion des vernis et pigments …
Jo prend conscience que si un siècle et demi la sépare de Virginie, sa place de femme n’est pas tellement plus enviable…
Les quelques dessins à l’encre de Mathilde Foignet qui illustrent ce livre, évoquent librement les œuvres, que le lecteur pourra par ailleurs, aisément retrouver, sur le net, ou au Musée d’Orsay.
Le texte de Martine Carteron, attachant et fort, redonne à ces victimes d’un comportement machiste à la fois une voix et une histoire.
Son écriture variée (dialogues, vers libre, extraits de textes d’époque, récits), ses pages documentaires finales, permettent d’en apprendre davantage sur les repentirs, le peintre, les personnages et tableaux évoqués, mais aussi sur la genèse de ce livre. C’est passionnant.
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