Un monde sauvage ♥

L’histoire se déroule à une époque récente dans le grand nord sibérien.

Entraînée par sa mère (garde-forestier) dans la surveillance d’une tigresse en liberté, «Felitsa» se passionne pour la protection de l’animal sauvage.
Son étrange petit frère, quant à lui, dessine plus qu’il ne parle, non sans à-propos.

L’adolescente passe aussi l’été à lire les ouvrages que lui prête son institutrice, personnage mystérieux qu’elle apprend à connaître.
Sa vie en pleine nature la conduit à beaucoup réfléchir et l’éloigne des loisirs de ses camarades de classe qui évoluent différemment.

Parmi eux, pourtant, « Aleksandr » l’attire sentimentalement : c’est l’âge des découvertes et des interrogations.
Puis survient peu avant la rentrée scolaire en ville une crise majeure. Le rôle de chacun va être primordial dans la vie du fauve…

Ce bon livre, bien construit, ne déçoit à aucun moment car l’intrigue est riche en rebondissements. Ceux qui aiment la nature y trouveront de belles évocations de celle-ci, parfois avec une part de fantastique, et une description réaliste des animaux concernés. Le contexte russe est évoqué dans sa diversité de façon assez conformiste, par petites touches, mais les thèmes sont universels :
 – la cupidité à l’origine de la disparition de certaines espèces
 – l’inefficacité des mesures prises par des autorités parfois corrompues
 – la responsabilité professionnelle
 – l’aspect factice d’une certaine vie urbaine…

Le fait que la narratrice ait 13 ans établit un lien de connivence avec les jeunes lecteurs.

L’écriture maîtrisée permet d’aborder le livre dès 11 ans car les chapitres courts donnent les informations très graduellement (les détails complémentaires apparaissent peu à peu, ce qui permet de les mémoriser sans mal).

La progression générale est classique (présentation des personnages principaux, puis des lieux, action chronologique) d’où une grande clarté pour de jeunes esprits.

Enfin l’impact émotionnel est fort.
La fin humanise avec originalité ce que le respect de la loi pourrait avoir de révoltant.
Contrairement à l’élan éphémère que suscitent périodiquement les campagnes médiatiques sur le massacre d’éléphants, baleines, requins… un roman nous implique. Au lieu d’être informé, on est touché…