Fêlures bleues

ROMAN – Dès 13 ans  **
de Jérôme LEROY
Editions Syros – 17,95 €

2060 Lille. Tristan a sept ans, une famille aimante et il est le chouchou de sa maîtresse de CE1. Une nouvelle élève, une cicatrice barrant la joue, arrive dans sa classe. Elle a tout perdu dans un accident climatique qui a provoqué à Nice un tsunami ravageur. Anna va vivre désormais chez une parente célibataire, sympathique et attentive.
Les élèves de l’école sont obnubilés par les écrans (holofeuilles, securwatch…).
Pas Anna et Tristan. Mais tous deux souffrent d’éco-anxiété et sont sous calmants, dans une société où pollution, événements climatiques intenses, inégalités sociales sont exacerbés. Ils se rapprochent et ne vont plus se quitter.
En CM2, Nuage, une fille du « Dehors » orpheline et qui doit sa présence dans leur école à un programme d’insertion, vient rejoindre leur duo fusionnel. Nuage a appris à se sortir de situations périlleuses et a une maturité et une autonomie très développées.

2072. Un cataclysme mondial lié à une expérience secrète provoque un chaos qui engendre « les fêlures bleues », Tristan et Nuage sont ensemble lorsqu’il advient, mais Anna est loin, très loin et les deux amis ne savent pas ce qu’elle est devenue…

Dans ce roman d’anticipation de presque 400 pages, Jean Leroy crée une atmosphère pesante, liée à la folie et à l’inconséquence des hommes. L’air est devenu souvent irrespirable, une poignée d’hommes joue aux apprentis sorciers au mépris de tous les autres. La société est scindée entre ceux qui possèdent et ceux du « Dehors » qui se retrouvent en proie à toutes sortes de trafics, les hommes sont rivés à leurs écrans pour oublier la noirceur des temps. Quelques écolos tentent bien d’agir… mais c’est bien tard !
Pourtant, l’auteur aménage des moments de respiration bienfaisante. La chaleur des liens familiaux, amicaux, amoureux de ses personnages,  les quelques lieux de répit ceux du bord de mer (Bray-Dunes, Ambleteuse).

 Après la catastrophe de 2072, l’auteur nous entraine dans une fiction post apocalyptique éprouvante à bien des égards. On la traverse, bouleversé et surtout taraudé par le suspense : qu’est devenue Anna ?

 Une écriture fluide, pleine de références pour un roman qu’on ne lâche pas aisément mais qui laisse entrevoir un futur bien peu enviable…