Le secret d’Edith Stein

Ce nouveau petit Platon a pour but de faire connaître l’évolution spirituelle d’Edith STEIN.

Il met en scène une fillette du début à la fin de l’histoire, ce qui peut gêner car le dessin d’une enfant qui ne grandit pas permet certes aux enfants d’âge scolaire de s’identifier à elle mais peu de comprendre qu’elle soit capable du long cheminement intellectuel qui est relaté.
Or ses « aventures » symboliques sont calquées sur la biographie de la philosophe et l’évolution intime qui a mené celle-ci vers une conversion tardive au catholicisme. (Avec discrétion, cet aboutissement n’est évoqué que par une croix et des bribes de conversation chuchotées ; le propos évite en effet soigneusement de se perdre dans la diversité des cultes).
A cette réserve près, quel livre intéressant !

Le texte, c’est une prouesse, réussit en termes simples à faire comprendre la phénoménologie, la nature de la foi en Dieu  et la transmission des convictions religieuses tout en rappelant le nazisme et somme toute les guerres de religion quels que soient les pays.
Pour accéder au sens profond comme au contexte philosophico-historique, les couleurs et les détails des illustrations jouent un rôle complémentaire non négligeable.
Une relecture accompagnée par un adulte permettra éventuellement d’utiliser tout le potentiel pédagogique d’un ouvrage habilement conçu et dont les silences apparents stimuleront les esprits
curieux de précisions complémentaires : cherchez ! Philosophes obligent, c’est la maïeutique  qui est ici privilégiée.

En feuilletant on s’aperçoit – d’une part que l’on progresse par doubles pages – d’autre part qu’une dominante orange marque le passage à une deuxième partie suivie d’une fin qui privilégie les teintes sombres.
Les transitions correspondent à la fin de l’athéisme de la petite fille d’origine juive (p.24) puis à la Shoa. Ces points de repère établis, on identifie les symboles comme autant d’étapes de
l’éveil intellectuel puis spirituel : forteresse, pays intérieur (âme), carte (monde artificiel), cheval philoréal (hauteur de vue), jumelles (voir le monde), l’explorateur (guide) etc.
La rencontre d’Edmund (Husserl) donne un superbe cours de philo sur la phénoménologie ; ses applications universelles précèdent un texte argumentatif assez classique sur la foi.
La découverte du château et l’intervention des soldats sont suffisamment explicites pour ne pas dérouter les élèves. Le pari de Pascal clôt ce livre tout en nuances respectueuses du libre
arbitre.