Né pour partir, récit de Mamadou, migrant mineur de Guinée ♥

ROMAN – Dès 14 ans
De Azouz BEGAG et Mamadou SOW
Éditions Milan – 13,90€

Comme le précise Azouz Begag, lors d’un atelier d’écriture dans un lycée professionnel du Lyonnais, il est devenu le porte-plume de Mamadou.
Ce livre, témoignage écrit du récit de Mamadou, nous retrace son périple de la Guinée jusque Lyon.

Né le dernier jour du dernier millénaire, Mamadou entame ce grand voyage « missionné » par son père pour sauver sa famille et, avec dans la tête, l’idée qu’il doit arriver en France avant que le cancer de son père ne tue celui-ci.
Depuis Pilimini son village de Guinée-Conakri où il n’y a pas d’électricité et où les femmes font quatre kilomètres pour aller chercher de l’eau, le rêveur qu’il a toujours été aimait se perdre dans les étoiles pour trouver en celles-ci une belle échappée mais il attendra son arrivée en France pour à nouveau les regarder.

Un départ contrarié par le vol de sa sacoche le confronte dès le début à une réalité difficile où les exploiteurs dans son pays mais aussi aux frontières sont nombreux mais où les hommes généreux existent aussi.
De Bamako, Kidal et Gao au Mali, certains utilisent leur pouvoir de fonctionnaires, d’autres les menacent d’esclavage et les prennent en otages.
A Tamanrasset en Algérie, s’ajoute le racisme qu’il ressent très présent, la difficulté de faire confiance pour finalement découvrir que les hommes vrais et justes existent aussi comme Mr Mouloud qui devient un temps son employeur à Ghardaïa.
La violence d’un policier de Debdeb envers un autre jeune le renvoie à son impuissance lui qui, en ayant enterré sa carte scolaire dans le sable du désert, a la sensation de n’être plus personne. Raflé par des policiers à Ghadamès en Libye, il est lui-même confronté à cette violence absurde. D’autant qu’à Tripoli, c’est celle d’enfants de 10 ans qui le fait fuir dans la crainte d’être tué par ceux qui sont nés dans la guerre.
Depuis la plage de Sabratha et son « odieux » hangar, c’est le passage de la Méditerranée sur un bateau insécure pour être recueilli finalement par un navire de la Croix rouge.

En Italie, la gentillesse de certains font de cette escale un temps de douceur et de repos empreint de solitude toutefois.
Un train où il n’est heureusement pas repéré le mène vers Vintimille puis Toulon.
Malgré les démarches il est finalement sous un mandat OQTF.
18 mois de périple et ces lettres qui le mettent KO….
C’est enfin à Lyon qu’il reprend le chemin du lycée mais toujours considéré comme un hors-la-loi…
Il raconte son histoire, garde espoir et rêve de Pilimini…

Ce récit à la première personne du voyage entrepris par Mamadou depuis son village de Guinée jusqu’à son arrivée à Lyon touche.
La description d’un monde d’incertitudes, de peurs, de rencontres violentes ou bienveillantes invite le lecteur à réfléchir sur la réalité de la migration, à mesurer combien la vie est fragile, à prendre conscience des valeurs qui conduisent le monde.
Ce livre est sans doute un moteur pour aborder la migration d’une façon originale et humaine.
Merci à ses coauteurs.

Un coup de cœur d’Opalivres ♥ !